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la vérité a t elle besoin d'un avocat pour se défendre

13/05/2022 11:30

Mesdames Messieurs du Jury, Cher public, Chère Consoeur,
« Où est la vérité d’un homme qui tue la femme qu’il aime ?
Qui peut connaître la vérité d’une femme à la vie exemplaire qui fait brutalement le choix de l’adultère ?
Quelle est la vérité d’un employé modèle et modeste qui inopinément part avec la caisse?
Qui peut connaître leur vérité ?
Souvent l’avocat, qui avec empathie, dans son intrépidité, curieux des gouffres et aspérités, décide/a la capacité de défendre l’accusé
Le décor est planté…mais quid de sa véracité ?
La Vérité a-t-elle besoin d’un avocat pour se défendre ?
Interrogation dense à laquelle il faut répondre par l’évidence agrémenté d’une perspicacité qui ne peut souffrir d’aucun cliché !
Quelle que soit la vérité à consacrer elle aura toujours besoin d’un avocat pour exister !
C’est en disciple fidèle à cette idée que j’honorerai la grandeur du sujet en faisant le choix de l’authenticité…
Revenons un instant sur les termes du sujet…
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…
Le mot « besoin » appelle indiscutablement l’idée d’une exigence impérieuse, d’un impératif catégorique, d’une nécessité à laquelle on ne peut déroger
Le verbe « se défendre » exprime l’action de résister, de se battre ou encore de se protéger
On peut d’ores et déjà considérer que cette formule revêt indéniablement deux aspects, l’un en réaction à une éventuelle mise à mal, l’autre en affirmation d’une valeur fondamentale
L’avocat quant à lui se définit comme un auxiliaire de justice en charge devant toutes juridictions d’assister, de représenter une personne physique ou morale mais également de défendre ses intérêts
Enfin et c’est tout le cœur, tout l’enjeu de ce sujet, la notion de vérité
Cette dernière correspond de prime abord à ce qui existe réellement…
Mais pas seulement…
La vérité se détermine par ce qui représente ce « réellement »…
Autrement dit il est donc question d’une fidélité de l’idée/du jugement à son objet
En somme…une adéquation entre la réalité et l’idée que l’homme s’en fait
Dès lors pour appréhender le sujet dans toutes ses subtilités, 2 interrogations doivent être énoncées :

  • Comment parvenir à définir la vérité ? Peut-on ambitionner de la déterminer ?
  • De quelle vérité l’avocat doit s’emparer dans le but de la consacrer ?

I Définition de la vérité

Qu’est-ce que la vérité ? Cette question relève du signifiant ou du signifié ?
En d’autres termes de l’existence ou de l’essence ?
Que doit-on cher jury, chère consœur considérer comme vrai ? Comme réel ?
Donner l’essence reviendrait à définir quelque chose.
En conséquence, s’atteler à la vérité supposerait de déterminer précisément ce qu’est la réalité, celle que l’on ne peut identifier qu’à travers des critères universels, inchangés et partagés.
Or dans ce cas, nous serions confrontés à une difficulté…
Comment donner un critère préalable à la vérité quand on sait, à quel point le concret (dont elle relève) peut se draper dans des attributs variés
La définition de la nature de la vérité n’émane donc pas d’un concept abstrait mais de la réalité que nous sommes amenés à apprécier
Il est donc ici question de nos représentations, du Monde, des situations
Dès lors cher Jury, ce qui est tenu pour vrai semble varier et se transformer d’une opinion à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une histoire à l’autre
Vérité ne signifie pas toujours semblable ou inaltérable. En effet, elle est caractérisée par la multitude émiettée des singularités
J’anticipe par la même ce que ma chère Consœur vous n’allez pas manquer d’évoquer.
Comment articuler cette contradiction entre l’un et le multiple ? Concilier le besoin de défendre la vérité avec toutes les mutations dont elle fait l’objet ?
Plusieurs philosophes s’y sont attelés sans qu’il n’y ait unanimité.
Pour Platon, la vérité est « origine ». C’est une valeur universelle, immuable, intemporelle
L’allégorie de la caverne nous en offre un aperçu éloquent : la vérité est une fin absolue, le seul gage de bonheur des individus. Le philosophe nous livre les conditions d’acquisition de la connaissance, tout en indiquant qu’elle n’est à la portée que de certains privilégiés.
A contrario, pour Socrate et Descartes, nous pouvons tous atteindre la vérité…
Il faut néanmoins s’en donner les moyens. L’un considérant que de la subjectivité nait l’objectivité « connais-toi toi-même », l’autre consacrant la pensée sceptique « Cogito Ergo Sum », seul le doute mène à la vérité
Enfin, comment ne pas évoquer le pourfendeur du concept de vérité : Nietzsche ! Qui lui, affirme que cette idée a été imposée par la pensée pour entraver la volonté
En définitive, qu’elle soit totale dans son ambition ou partielle dans sa mise en application, objective dans son interprétation, ou subjective dans son émotion…
La vérité est éternité quant à sa finalité : rechercher la conformité de ce que l’on dit avec ce qui est
Mais elle est aussi relativité dans sa façon d’exister au gré des contextes singuliers
La vérité est ainsi une appréciation de la réalité… Une interprétation franche d’un événement, d’une situation
On peut dès lors considérer qu’il y a une réalité mais plusieurs vérités…
Toutes se valent et doivent être entendues, défendues, préservées
Cette exigence s’illustre sans ambiguïté lorsqu’on évoque l’équité…
Equité qui nous amène à présent à la vérité dans laquelle l’avocat doit s’engager…

II La vérité de l’avocat

Si les avocats partagent avec les « arracheurs de dents » le douteux privilège d’être de fieffés menteurs, c'est essentiellement par ignorance de ce qu'est leur rôle, leur mission et même leur obligation.
Être avocat, c'est avant tout « parler pour » un autre. Décrypter la réalité à laquelle cet autre a été confronté, la manière dont il se l’est représentée…
Quel que soit le client, son interprétation de la réalité, c'est sa thèse que l’avocat doit soutenir, sans autre limite que le respect de sa déontologie et le cadre du procès.
Qu'il s'agisse de défendre un prévenu un accusé ou une victime, que le procès soit pénal, civil ou commercial, que son client soit un homme, une femme, un enfant ou une société, l'avocat n'est là que pour tenter de convaincre le juge que la vérité de son client est avérée et donc en conformité avec la réalité du dossier.
Défendre le pire criminel oui ! Ce dernier a une vérité qui mérite d’être présentée…
Comment nier chère consœur le rôle incontournable de l’avocat seul capable de faire entendre la voix du client profane démuni face à des entités dont il ne connait pas les procédés
Pour porter et in fine consacrer la vérité de ce dernier, l’avocat doit maîtriser bon nombre de normes et d’exigences. Il en va de notre métier ! sa quintessence !
Car vouloir établir la vérité d'un fait, c'est avant tout définir comment en rechercher la preuve. Et cela n'a rien d'évident.
Dans les pays de droit anglo-saxon, par exemple, la preuve résultera de témoignages. Il ne suffit pas de produire un contrat.
Le juge ne manquera pas de l’écarter s’il n’a pas été apporté par quelqu’un qui sous serment dira comment quand et en quelles circonstances il a obtenu le document.
Dans les pays de droit écrit, comme la France, la preuve d'un fait ne peut en matière de contrats être apportée que par écrit, sauf en matière commerciale
Le même fait sera considéré comme vrai en France parce que la preuve en aura été apportée par écrit, et comme faux en Angleterre, parce qu'un ou plusieurs témoignages auront affirmé une autre vérité.
C'est pourquoi l’avocat pour défendre la vérité de son client doit certes nier celle de l’adversaire mais surtout s’employer à prouver…
Ce qui peut s’avérer des plus compliqués quand on connait la preuve et ses fragilités.
Cher Jury, chère consœur,
Être avocat, c'est aussi douter et faire douter…
Douter de la fragilité des apparences et défier la plus apparente des évidences, « éliminer les erreurs ».
« Aux embuscades de sa vie » Georges Clémenceau l’avait compris : « Ce que nous dénommons vérité n'est qu'une élimination d'erreurs »
Chère Consœur j’implore votre honnêteté, un procès n’est autre que la mise en perspective de plusieurs vérités…
Seul le doute permet d’éviter l’erreur judiciaire, d’empêcher qu’une interprétation erronée de la réalité soit consacrée…
Prenons par exemple les écrits…de prime abord rassurants pour qui cherche à connaître la vérité…
Et pourtant ils doivent être « vérifiés ».
Chacun sait qu'une photocopie est en apparence un écrit, mais peut résulter de « montages » parfois très habiles.
Chacun sait aussi qu'un écrit peut être un faux, même s'il émane d'autorités officielles : écrit peut-être, mais rédigé par un homme, qui a pu se tromper, être trompé, ou vouloir tromper.
Un écrit peut également être vrai par lui-même, sans pour autant correspondre à la vérité : un vendeur et un acheteur ont bien été d'accord pour vendre un bien donné, au prix indiqué, mais la vente peut être le résultat d'une contrainte, d'une tromperie, ou encore d'une erreur sur les qualités de l’objet
Ainsi, l'avocat doit pour défendre la vérité du client, provoquer le doute sur ce qui semble évident.
Par ailleurs ma chère consœur, et là est l’une des évidences de ce sujet,
La vérité a besoin d’un avocat pour la conviction qu’il va emporter.
Pour approcher au plus près une vérité encore faut-il parvenir à bien la formuler, la présenter ? La plaidoirie de l’avocat nous offre une explication intelligible de la vérité à décrypter, vérité à laquelle il n’est pas toujours aisé d’avoir accès.
L’ambition de faire un bon mot au service de l’engagement qu’on défend !
En définitive affirmons sans détour que la vérité du client ne peut exister sans l’avocat son talent 
Enfin ma chère consœur, n’oublions pas de manquer de hauteur quant au sujet quant à sa teneur…
Outre la vérité du client que l’avocat doit faire triompher c’est son rôle nécessaire dans la vérité judiciaire qui doit être évoqué.

III La vérité judiciaire

Bien plus que défendre la vérité de son client l’avocat participe à la manifestation de la vérité judicaire.
Comment évoquer ce sujet sans mentionner la pierre angulaire de cette vérité judicaire : la présomption d’innocence !
Comment ne pas insister sur cette valeur qui a marqué l’histoire de nos sociétés
Ce principe consacre une vérité fondamentale : l’innocence de la personne poursuivie, postulat de vérité qui ne pourra être éclipsé que si une autre vérité parvient à être démontrée, celle de la culpabilité
Toutes les règles du procès sont autant de leviers à exploiter et d’obstacles à surmonter pour faire triompher cette noble vérité.
De la procédure accusatoire à la procédure inquisitoire le rôle de l’avocat est certes différent mais tout aussi important.
Pour que la vérité judicaire soit consacrée l’avocat dispose d’un certain nombre d’opportunités :
Soulever une nullité, demander à ce qu’une prescription soit relevée ou encore invoquer l’autorité de la chose jugée…
Bien qu’imparfaites les règles du procès ont une importance capitale pour structurer la recherche de la vérité. Règles dont l’avocat est l’un des maîtres incontestés !
Et finalement peu importe que la vérité judiciaire soit parfaitement ajustée à la réalité… la justice doit trancher ! Ce n’est qu’en présence d’une nouvelle vérité que la procédure pourra continuer !

En définitive Cher jury Chère consoeur
L’avocat sur qui la justice peut compter, lutte contre tous les ennemis de la vérité ; contre l’erreur, le mensonge, l’illusion, les faux semblants, la facilité, le préjugé
Quand le public demande de l’émotion l’avocat doit ramener le débat à plus de raison…
Quand le juge doit s’en tenir au doute, « se réserver » c’est à l’avocat d’argumenter pour faire éclater la vérité
Quand la loi est dépassée, c’est à l’avocat d’interpeller pour la faire évoluer
Continuons à honorer les mémoires de Gisèle HALIMI et de Robert Badinter
Il est impératif que la justice reste connectée à la réalité de la société, à sa vérité… A ce titre l’avocat a un grand rôle à jouer !
Ainsi chère consœur sans m’enliser dans des vérités toutes faites toutes étriquées j’ai cherché à vous démontrer que la vérité a besoin d’un avocat pour se défendre mais SURTOUT que défendre la vérité est pour l’avocat la plus belle des façons d’exister !

Enfin, Maître Neuschwander est installée dans 2 cabinets. Sa deuxième adresse est 123 rue tête d’or 69003 Lyon. Vous pouvez l’inscrire sous l’adresse cours Lafayette…



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